Néant, nada, que dalle, rien.
Il ne garde que de vagues sensations de
déjà vu, de familiarité lorsqu'il est confronté à certaines situations, certaines images, certains visages. Des sensations auxquelles il refuse de se fier. Et si son esprit lui jouait des tours ? Et si ce qu'il
pensait être familier n'était qu'un fantasme inventé par son cerveau pour combler ce vide et retrouver un semblant de normalité dans une existence qui ne l'est plus du tout ?
Il sait que sa vie a commencé dans un accouchement douloureux, dans un étau de béton et d'acier tordu, des cendres et du sang plein la bouche. Il est mort et il est revenu en page vierge qui s'est extirpée à la force de ses bras de cette matrice meurtrière qui tentait de le faire succomber en son sein. Des heures, peut-être des jours à creuser son chemin, ses ongles cassés et rougis de son sang jusqu'à enfin pouvoir respirer l'air pur.
Il faisait nuit.
Les étoiles et la lune ont été ses seules compagnies, les équipes de recherches éreintées depuis longtemps parties trouver un peu de repos avant de revenir, inlassables. Il se souvient aussi de leurs voix. De ces appels poignants, de ces exclamations de douleur à chaque mort venant s'ajouter à la liste des frères d'armes disparus. Elles le hantent, ces voix. Ces appels auxquels il n'a su répondre, prisonnier de l'état de choc qui avait refermé ses griffes sur son esprit, lui volant la sienne, de voix.
Qu'aurait-il pu dire pour attirer leur attention, de toute façon ?
Il n'avait aucun prénom, aucun titre, aucun nom à donner. Rien.
Et il n'en a toujours pas à offrir, alors il est John Doe, l'inconnu.
Son instinct l'a poussé à trouver refuge dans les bois depuis cette nuit de renaissance anonyme et depuis, armé de son couteau et d'un
savoir qu'il ne sait à qui ou quoi attribuer, il essaye de se reconstruire, loin des hommes, loin des autres.
Il ne se fait pas
confiance en société. Il n'a pas
confiance, trop vide et trop creux de son passif pour oser s'exposer.
Il sait qu'il appartenait d'une manière ou d'une autre à l'organisme portant le brassard vert qu'il garde désormais dans une poche, tout comme il sait que c'est dangereux, là dans cette ville. *
Informations complémentaires
Non gradés : Si vous êtes arrivés avant la Saint-Valentin sanglante, vous reconnaissez votre Commandant, mais vous ne l'avez jamais connu personnellement. Vous savez que c'était un homme intègre, difficile d'accès, mais juste.
Si vous avez intégré les Green après ces événements, cet homme ne vous dit rien.
Lieutenant : Ah le Commandant. Vous étiez assez gradé pour avoir le droit de passer le déranger en personne au lieu de vous adresser à un supérieur. Vous aviez son attention et son respect, mais là encore, rien de
personnel. Vous aviez droit à des claques fermes entre les omoplates et un de ses rares sourires lors de vos réussites, et vous saviez aussi qu'en cas de merde, il se serait déplacé en personne pour sauver votre cul. Autant il était parano sur l'entrée, autant une fois dans la famille des verts, il aurait tout fait pour les siens.
Capitaine : Will. Vous l'appeliez Will et il n'y avait plus de vouvoiement entre vous. Vous étiez assez proche de lui pour qu'il se soit ouvert à vous de son passif de général deux étoiles des Marines. Du moins, ex-général, puisqu'il s'est fait enlever sur le parking de son bureau avant de se retrouver à Eternally voici sept ans. Vous étiez assez proche - amis ? - pour qu'il vous ait parlé de son épouse Abbie et de ses deux filles, Faye et Willow. Assez aussi pour qu'autour d'un verre, chez lui ou chez vous, il se soit confié sur sa vie d'alors et ses attentes pour le
maintenant.
Vous saviez qu'il comptait organiser une rencontre avec les autres dirigeants d'Eternally, mais il n'avait pas encore eu le loisir de vous confier l'intégralité de son plan…
Général et plus : Vous savez très bien qui il est : William Fersen, l'emmerdeur de service, l'homme qui s'est toujours érigé contre votre domination à la tête de ces enculés de Green. De toute évidence, leur QG n'a pas sauté assez fort s'il foule encore Eternally.
Palier 3 et plus : Ouaip, lui là, c'est Fersen. Paraît qu'il a perdu la boule, p'être que l'info pourrait se vendre ? Paraît qu'il squatte dans les bois aussi et qu'il essaye de buter tous ceux qui s'approchent de lui. Franchement, sont pas aidés les Green-Laws.
Bras droit et plus : Oh, oui, vous le replacez. Vous savez que ce type n'est rien de moins que le Commandant des Green. Celui qui est censé être mort et disparu, dans l'explosion de leur QG.
À moins d'être un de ces hommes qui font du renseignement leur gagne-pain… vous ne savez rien de lui. Si vous êtes arrivés après les événements du 14 février, vous n'avez même jamais entendu parler de lui.